Nous campons sur les rives
Un projet artistique et culturel de territoire du Lycée horticole Camille Godard au Haillan
avec la Compagnie Translation
2019 - 2022
Le Projet
Le lycée horticole du Haillan se transforme, des espaces délaissés sont réinvestis par les enseignants sur des thématiques écologiques. La proximité du Parc Bel Air invite le lycée à repenser sa relation à cet espace public. Dans le même temps, Le Haillan réaménage une partie de son cœur de ville avec une forte dimension végétale. Dans ce contexte, le lycée horticole a souhaité engager avec la compagnie Translation une collaboration pour investir artistiquement la question du paysage et développer avec les élèves une approche sensible et poétique de ses changements. Ce projet, intitulé "Nous campons sur les rives" d'après l'ouvrage de Mathieu Riboulet, développe un regard sensible complémentaire aux actions engagées par la Ville vis-à-vis de la population Il s’inscrit dans le cadre de la convention signée entre l’établissement et la municipalité concernant l’occupation pédagogique des espaces publics de la ville.
"Nous campons sur les rives" se déploie ainsi sur 3 années scolaires, ce qui permet de documenter les différentes étapes des transformations à l’œuvre, et s’adresse à 2 classes : une classe de 1ère Horticulture et une classe de terminale Paysage (BTS). Les ateliers de pratique s’articulent autour de 3 modes d’expression : le son, l’image et le dessin. L’équipe artistique, en étroite collaboration avec Charlotte Bonnefon, enseignante en éducation socio-culturelle à l’initiative du projet, apporte aux élèves des références dans chaque discipline puis conduit des ateliers de pratique jusqu’à la mise en forme de restitutions publiques. Le projet se concentre en particulier sur un espace, La Clairière. Au cœur de la ville, ce futur petit parc à proximité de la Mairie réunit toutes les dimensions du réaménagement urbain de de la transformation du paysage.
Laure Carrier, réalisatrice sonore, développe un travail d’écoute, de captation et de réalisation autour de l’idée de paysage sonore urbain. Laurent Cerciat, plasticien, explore la tradition du dessin botanique et du croquis d’après nature. Denis Cointe, réalisateur - plasticien, initie les élèves au documentaire de création. Les trois artistes interviennent dans des temps partagés et de concert de manière à entremêler les médiums. Guidées par cette équipe, les productions enregistrent par le son, l’image et le dessin les traces du paysage en transformation. Elles sont basées sur l’observation de l’environnement, la collecte, la construction de récits. Elles donnent lieu à des actions de médiation menées par les élèves auprès des personnes fréquentant le lycée ainsi qu’auprès des habitants du Haillan.
Récolter des histoires, garder la mémoire de l’avant et de la transformation, imaginer ce qui peut se construire dans les interstices, impliquer les habitants dans les transformations, partager avec eux des expériences, tisser des liens, inventer de nouvelles circulations, intégrer des réalisations artistiques, et surtout prendre le temps d’observer, d’écouter pour construire de nouvelles manières de vivre et d’habiter l’espace ensemble, c’est toute l’envergue de ce projet artistique de territoire.
Le projet ayant été quelque peu malmené par la pandémie en 2021, toutes les actions n’ont pu être réalisées selon le calendrier initial mais beaucoup de choses ont pu être faites. Les élèves ont suivi des ateliers d’initiation aux différentes formes d’expression artistique. Les différents groupes de travail ont produit dessins, films et montages sonores, mêlant la matière captée dans le paysage, et leurs propres souvenirs d’un rapport intime au paysage que la clairière a pu susciter lors des longs moments passés à la sillonner.
La "Trace"
La mission « trace » du projet a été confiée au plasticien Guillaume Hillairet. Pour accompagner le temps de restitution qui a eu lieu le 31 mai 2021 au Lycée agricole de Blanquefort où les élèves du Haillan suivent également des cours, il a créé 7 cartes postales qui ont marqué un premier temps du projet. Elles sont le regard qu’il a porté lors des différentes expériences sensibles qu’ont vécu les élèves et les artistes. Il s’agit d’une série de portrait de dos des élèves, accompagnée par un travail de cut-up de leurs textes écrits en étroite collaboration avec Charlotte Bonnefon. Ces cartes ont vocation à être distribuées afin de partager un moment du projet avec un public plus large.
« Le 26 avril 2021, une nouvelle semaine de cours à distance, nous sommes tous hors-sol. Face à nos écrans, il est frêles souvenirs — de l’air qui pique nos joues — de la légère dépression d’un sol humide d’hiver — des tracés des branches nues. Puis, il y a le crayon à papier, l’objectif de la caméra et le micro de l’enregistreur sonore, qui pris en main ont momentanément modelé nos apparitions. Face à leurs images, il est frêles souvenirs — d’une marche carnet à la main — d’un premier plan arboré — de ces moments à se raconter assis sur une souche. Il devient peu à peu évident que les formes changent et qu’ainsi elles se transmettent. Alors, les lundis après-midi, une des questions que je me pose en observant les étudiants de la classe de BTSA Aménagement Paysager de Charlotte Bonnefon [professeur] est celle-ci : un espace, ici une clairière urbaine arborée et enclavée, peut-il devenir un lieu sans notre présence, sans nos empreintes ? Laure Carrier, Denis Cointe et Laurent Cerciat déploient et croisent avec habileté les plis qui font de nous le paysage. »
Guillaume Hillairet
Restitution finale
Exposition "Nous campons sur les rives" et soirée documentaires
Du 19 mai au 2 juin 2022 / L'Entrepôt – Le Haillan
L'exposition a présenté un ensemble d'installations visuelles et sonores autour de la thématique de la transformation du paysage créées par les classes de BTS du lycée horticole Camille Godard avec la Compagnie Translation. A côté de ces réalisations, un document sonore a proposé une immersion dans les souvenirs de paysages d'habitant.e.s du Haillan.
Soirée documentaires : diffusion du documentaire sonore "Je me souviens" de Laure Carrier réalisé dans le cadre du projet, et de deux courts métrages, "La plage des Shadoks" de Fabrice Marache et Pierre Andrieux et "Ouzoum" de Denis Cointe.
Le documentaire sonore "Je me souviens" (15 min) a permis de restituer la mémoire orale des haillanaises et haillanais, des souvenirs empreints d'un paysage en lien avec la ville. Un paysage pour garder la mémoire de l’avant, pour partager les histoires de chacun, pour transmettre l'expérience de la nature.
L’iddac a accompagné cette action de médiation artistique qui a rassemblé scolaires, artistes et habitants dans un projet expérimental de territoire. L’agence soutient aussi le travail sur la « mémoire, la « trace » de ce projet souhaité par les partenaires. Ce projet est accompagné par la Ville du Haillan et l’Entrepôt, son équipement culturel, par la DRAC Nouvelle-Aquitaine, le CRARC et la Région Nouvelle-Aquitaine.