Lever le pied pour prendre de la hauteur / Cie Les Dés Rangés
Accueil en résidence de création du 18 au 23 mars 2024 au Cinéma Éden à Monségur, en partenariat avec l'association Bande Originale et avec le soutien de la Communauté de communes du Réolais en Sud Gironde.
Une odyssée des corps fragiles soumis à la temporalité imposée par la vie en société au rythme de leur respiration. Dans une société où tout tend à l'accélération, peut-on évoquer un corps aux rythmes différents ? Passant de l'ennui à la sur-stimulation, de l'appui au corps support, du corps manipulé au corps manipulateur, de la vitesse à la lenteur, en passant par le corps essoufflé, "Lever le pied pour prendre de la hauteur" explore le lien du corps à sa soumission aux rythmes et à des tempi différents du sien.
Cette création part d'un double constat : d'une part, la société tend à l'accélération et à la sur stimulation ce qui a un impact sur le vivant, sur le corps ; et d'autre part, l'invitation constante à prendre soin de soi, au bien-être, qui est elle-même soumise à une temporalité contrainte. Elle a pour enjeu l'expérimentation d'un corps aux prises entre ses deux cadences contradictoires.
A travers un dispositif performatif où le souffle des interprètes et des musiciens est capté et mixé en direct, il s'agit de présenter un corps soumis, contraint à différents rythmes ou à la recherche d'une solution pour s'extraire de soi, du temps et de l'espace présent, une suspension ?
Catégorie : Danse, Musique
Chorégraphie : Hélène Poymiro
Interprétation : Emily Chevalier, Elsa Moulineau et Hélène Poymiro
Mixage et captation son : Eddie Ladoire
Musique improvisée : Fabrice Vieira
Captation vidéo et photo : Quentin Geyre
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Compagnie Les Dés Rangés
"La naissance de la compagnie Les Dés Rangés vient d'une urgence, celle de danser ma lecture des êtres et des choses qui nous entourent, celle d'explorer cette mise en danger qu'est la danse en extérieur et hors scène, sans mise en lumière du corps, celle d'oser la rencontre avec d'autres arts, au plus près de l'humain et où l’humain est en prise avec son environnement.
Danser permet alors de créer des liens ou de les mettre en mouvement, lien à son propre corps, à la terre et au vivant dans une danse gravitaire où le corps est un compost à nourrir, terreau du monde tel que Donna J Harraway l’a pensé, lien à l’Autre dans une danse offerte et généreuse.
Par ma formation par des professeurs ayant travaillés avec Merce Cunningham puis au CNR de Dijon, par des professeurs formées en choréologie au Laban Center, ma danse est très inscrite dans l’espace. J’aime les lignes, les courbes, une danse partant du centre pour se diffuser aux extrémités, qui utilise une main pleine. C’est une danse ample, projetée même dans la rapidité.
Ayant pratiqué les arts martiaux, j’aime cette manière d’utiliser le centre sans raccourcir le geste. Aller du centre aux extrémités permet paradoxalement de gagner en efficacité, de porter avec plus d’intensité ses gestes. Ainsi, l’empreinte du corps dans l’espace est plus marquée.
Ma danse s’inscrit aussi dans une recherche de gestes vivants qui n’auraient finalement peu d’arrêt, proche de la matière aquatique ou du vent. Ainsi, même les immobilités doivent être habitées dans une énergie continue. Le travail sur la respiration mais aussi et surtout sur la notion de support sur l’air et de centre génère cette attente mouvante. J’aime le travail du rapport au temps, l’utilisation des fascias pour la mise en place du ralentissement des corps et laisser voir la subjectivité du temps. La collecte d’images, photos, peintures, sculptures mais aussi des témoignages nourrit la matière chorégraphique.
Ma danse se joue aussi dans un rapport à la parole et a une portée politique, qu’elle parte d’un constat sur la société, qu’elle le traverse, et qu’elle en rende compte. J’aimerais qu’elle donne un point de vue mais sans être du côté de la culpabilisation, qu’elle dénonce en rendant visible par les corps, les mots et les sons, que le mélange des arts, danse, théâtre et musique amène à un constat.
Implantée sur un territoire éloigné des lieux de diffusion culturelle, je cherche également à faire découvrir la danse contemporaine à tous et à chacun et à tisser des liens avec les habitants à travers les cours et les ateliers chorégraphiques que je mène de façon hebdomadaire et en organisant chaque année, depuis six ans, un festival de danse contemporaine en milieu rural."
Hélène Poymiro.
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